Le Studio Ghibli, fondé par Hayao Miyazaki et Isao Takahata en 1985, est reconnu dans le monde entier pour ses films d'animation captivants, souvent empreints de poésie, d'imaginaire et d'aventure. Bien que le studio ne se réclame pas directement du genre steampunk, plusieurs de ses films, notamment ceux de Miyazaki, contiennent des éléments visuels et thématiques qui s'inscrivent parfaitement dans cet univers. Le steampunk, un genre qui fusionne l'esthétique victorienne avec des inventions technologiques avancées alimentées par la vapeur, trouve ainsi une place particulière dans l'univers de Ghibli, notamment à travers ses représentations de machines fantastiques et de mondes alternatifs.
Une Rencontre entre Nature et Technologie
L’un des aspects les plus marquants du steampunk est sa capacité à imaginer un monde où la technologie existe en harmonie ou en conflit avec la nature. Ce thème résonne profondément avec la philosophie de Miyazaki, qui a souvent exploré la tension entre l'homme, la machine et l'environnement dans ses films.
Dans "Le Château dans le ciel" (1986), l'un des premiers films du studio, on découvre une ville flottante, Laputa, qui est un mélange de technologie avancée et de nature luxuriante. Le château, en particulier, est une merveille de mécanismes à vapeur et d'ingénierie ancienne, avec des machines volantes et des mécanismes en métal. Cet univers réunit une grande partie des éléments typiques du steampunk, notamment les inventions de haute technologie construites à partir de matériaux anciens, et un monde où la nature n’est pas forcément en conflit avec la technologie, mais souvent utilisée pour l’embellir ou la contrôler.
"Porco Rosso" (1992) : Un Pilote entre Réalisme et Fantaisie
Dans "Porco Rosso", Miyazaki nous plonge dans un univers où la technologie joue un rôle central dans la narration, mais elle n'est jamais représentée de manière dystopique ou déshumanisante. Ce film suit un pilote de chasse, transformé en cochon à la suite d’un traumatisme, qui survole la mer Adriatique dans les années 1930 à bord d’un hydravion. Bien que le film ne soit pas strictement steampunk, la conception des machines, des avions et des technologies de guerre présente un côté rétro-futuriste, et une esthétique qui se rapproche de l’univers steampunk. La manière dont les avions sont mis en scène, avec leurs moteurs bruyants et leurs détails mécaniques, fait écho à cet esprit du steampunk qui sublime l’ingénierie.
"Le Voyage de Chihiro" (2001) : Une Fusion d'Inventions et d’Imaginaire
"Le Voyage de Chihiro" est un film qui, bien qu'il ne présente pas de machines à vapeur ou de mécanismes typiquement steampunk, intègre certains éléments de ce genre par l’imaginaire débordant de son créateur. On y retrouve un monde où la technologie et la magie se côtoient : des trains mystérieusement rapides, des paysages animés par des forces invisibles, et des machines bizarres qui semblent sortir tout droit d'un rêve. L'idée d'un monde où l’ingénierie prend une dimension presque magique n’est pas sans rappeler l'esprit du steampunk, où l’on retrouve souvent des technologies étonnantes imbriquées dans un environnement qui défie les lois de la logique et de la science.
"Le Château Ambulant" (2004) : La Quintessence du Steampunk
Le film "Le Château Ambulant" est probablement celui qui incarne le plus explicitement l’esthétique steampunk chez Ghibli. Il raconte l’histoire de Sophie, une jeune fille transformée en vieille femme par une malédiction, qui trouve refuge dans un château ambulant – une grande machine qui se déplace à travers les collines. Ce château, une construction hétéroclite, est une véritable prouesse technique : des tuyaux, des roues, des engrenages et des chaudières alimentent ce monstre mécanique qui avance grâce à un moteur à vapeur. Cette machine, tout comme les autres éléments du film, présente un design complexe et détaillé, caractéristique du steampunk. Le film mélange habilement des éléments de fantaisie, de technologie et d’architecture, en créant un univers qui semble tout droit sorti d’un rêve de vapeur et de métal.
L’Héritage Steampunk du Studio Ghibli
Le Studio Ghibli, à travers ses films, réussit à marier à la fois une esthétique technologique et un sens de la poésie qui fait écho au steampunk, mais avec une dimension humaine et environnementale plus marquée. Les machines et les inventions ne sont jamais vues comme de simples outils de domination ou de contrôle, mais plutôt comme des prolongements de l'imaginaire, de la créativité humaine, voire de l'esprit de rébellion. Le steampunk, qui souvent dépeint une société où la technologie et la nature sont en lutte, trouve dans les films de Ghibli un équilibre subtil entre le progrès et la préservation de l’essence humaine
Ainsi, bien que le studio n'ait pas directement créé des œuvres steampunk au sens strict du terme, l’esprit de ce genre imprègne ses films, où la technologie et la magie se rencontrent pour créer des mondes où les machines ne sont pas simplement des instruments, mais des symboles d'aventure, de liberté et d’imaginaire. Les œuvres de Ghibli, par leur capacité à combiner des éléments visuels rétro-futuristes et des thèmes profonds, restent ainsi des contributions majeures à l’univers visuel et culturel du steampunk.
Ajouter un commentaire
Commentaires